Charlie
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Charlie

9 janvier 2015

Pour vous le dire franchement, je ne suis pas - et je n'ai jamais été - "Charlie" ; Ce journal qui avec « Hara Kiri » passait son temps à vomir sur tout pilier de la vie en société qu'il croisait.

Armée, Famille, Police, Religion, il n'y a pas une seule institution de la vie en société sur laquelle ils n'aient pas vomi.

Je ne dis pas qu'il ne m'est pas arrivé de sourire à l'occasion de tel ou tel dessin, mais au fond je ne valide pas l'ensemble.

 

J'ai probablement plus d'estime pour l'employé d'immeuble abattu "au mauvais endroit au mauvais moment" que pour toute cette intelligentsia qui a été éliminée.

Dommage aussi pour les policiers, mais ce sont là les risques du métier.

 

Alors certains d’entre vous ont été surpris que je place mon site personnel clairement en deuil. Un site consacré plus largement aux problématiques du logement social et des Zones de Sécurité Prioritaires qu’à mes sentiments face à l’actualité.

C’est vrai, mon petit site n’est pas un site d’actualité.

Comment dans ces conditions se dire en deuil et solidaire des victimes ?

 

Je l’exprime en trois points :

 

1/ Je respecte les morts.

Quels qu’ils soient, de quelque couleur, ethnie ou confession qu’ils soient. Quelle qu’ait été leur vie antérieure.

 

C’est sans doute lié à mon origine Corse et aux traces culturelles indélébiles d’obscurantisme magico-religieux, comme dirait « Charlie ».

Le vieux fond judéo-chrétien catholique romain un peu pratiquant, entretenu par un curé de village, revu et corrigé par les mazzeri des environs.

La connaissance d’un curé de campagne des banlieues et le travail avec lui, et quelques autres de toutes origines, au profit des plus pauvres n’a certainement rien arrangé ces dernières années.

 

Ce vieux fond, ces antiques croyances, me mènent à m’incliner avec le même respect devant un dessinateur dont les opinions étaient aux antipodes des miennes comme CHARB, que devant un ami défunt.

Quoi qu’ils aient fait de leur vie elle est terminée, et ce n’est pas à moi de les juger.

Si – à Dieu plaise – j’avais l’occasion de m’incliner devant la dépouille de deux ou trois assassins, je le ferai tout aussi respectueusement.

La seule différence sera l’éloge funèbre. Pas d’éloge pour les assassins.

 

Ceci ne m’empêche pas de garder ma mémoire et mon opinion. La liberté de conscience, la liberté d’opinion, c’est en premier la liberté d’expression individuelle. La liberté de la presse ne vient qu’après, pour aussi estimable qu’elle soit. Et je crois l’estimer à sa juste valeur.

 

Je respecte les morts, les dessinateurs comme les autres, mais non, je ne suis pas - et ne serai pas, sauf élément nouveau - "Charlie".

Qui sème le vent récolte la tempête. « Charlie Hebdo » était le premier à souffler sur les braises dans toutes les directions. Ne l’oublions pas.

2/ Je suis contre l’assassinat.

L’homicide bien sûr, mais l’assassinat (homicide avec préméditation) encore plus fortement ; et tout particulièrement celui dit « politique ».

Je ne transige pas sur ma conviction que l'assassinat ne peut jamais être un mode de combat valable pour l’expression ou la défense d'une idée.

L’assassinat n’est pas "un acte de guerre". Car qui effectue des actes de guerre sinon des guerriers ? Ces gens ne sont pas des guerriers, ce sont des assassins. De la racaille de droit commun, qu'il faut retrouver et sanctionner dans le respect des lois de la république.

 

J'ai eu des réactions très contrastées après mon petit message de l’autre soir entre amis à ce propos.

J’en ai eu aussi en polémiquant aimablement un moment sur le blog du colonel Michel GOYA ( http://lavoiedelepee.blogspot.com/ ) avec M. Laurent TOUCHARD ( http://lavoiedelepee.blogspot.com/2015/01/en-guerre.html ) qui est lui-même animateur d’un blog fort intéressant nommé CONOPS (http://conops-mil.blogspot.fr/ ).

Je ne veux pas insister et entrer dans un débat juridique ennuyeux et déconnecté du réel vécu, mais si on ne partage pas cette réprobation viscérale de l’assassinat il est difficile de saisir pourquoi je quitte le champ du social pour entrer dans le pénal, le terrorisme, et l’actualité.

3/ Je n’aime pas la récupération et la manipulation des émotions

Si ceux qui ont tiré savaient bien manier le fusil, la belle corporation d’une partie de leurs victimes manie encore mieux le stylo, la caméra et le micro.

Passons sur ceux qui viennent de sortir de l’école et nous abreuvent en « armes lourdes » là où il n’y a pas plus que des armes légères, et des « tirs nourris » là où il n’y a que quelques coups de feu échangés.

Je parle ceux qui orchestrent une mise en valeur de leurs amis d’abord et avant tout, et qui oublient volontiers les autres, dont la vie vaut tout autant.

 

J’ai du mal à suivre ces gens, surtout quand ils se drapent dans la liberté de la presse pour tout justifier, y compris la mise en danger de la vie d’autrui qu’ils font courir en divulguant à tout-va la moindre information.

Faute d’éléments sur les tueurs, ils renseignent les tueurs sur la Police… C’est une attitude irresponsable, surtout quand elle est guidée par la volonté de maintenir un haut niveau d’émotion dans le bon peuple pour qu’il soutienne la future grande manifestation remettant en scène quelques-uns de nos " brillants" hommes politiques, qui ne sont pas là à leur bonne place.

 

On grossit les traits, on focalise, on laisse de côté la douleur d’autres, qui ont tout autant besoin de notre compassion et de notre unité nationale.

Pourquoi ne sommes-nous pas tous « Policiers » ? Parce que ce n’est pas « vendeur » ? Je pose la question. Les policiers, nationaux et municipaux, apprécieront.

Parce que c’est une atteinte à la liberté d’expression ? Certes oui, mais pas totalement. L'atteinte à la liberté d'expression est en effet ici clairement limitée à une expression: celle qui touche l'Islam. On l’oublie? Pour le reste, on attend encore les représailles du Saint Siège pour le nombre incalculable de fois où il a été offensé, diffamé, injurié... dans les pages de « Charlie Hebdo » entre autres. Par exemple.

 

Il est de règle que l’ennemi soit toujours vil, laid et - si possible -stupide. Les amis sont au contraire géniaux, tous en bonne voie pour une béatification. Cette campagne n’échappe pas à la règle. L’ennui c’est qu’elle conduit à sous-estimer encore les vraies menaces qu’il faut traiter en profondeur dans nos cités, au profit de manifestations ostentatoires qui finalement, il est vrai, coûtent bien moins cher.

 

Tout ça pour quoi ?

Pour la mémoire des victimes, ou pour la prochaine campagne électorale ?

Je veux croire que c’est pour toutes les victimes, c’est pourquoi j’y viendrai. J’espère ne pas me tromper. Allons-y, nous verrons bien…

 

Didier CODANI

P.S. au 13/01/2015 : Apparemment ne pas être "Charlie" ne sera pas facile.

Voyez ce qu'en dit Madame Nathalie SAINT CRICQ :

"Il faut repérer et traiter ceux qui ne sont pas Charlie". Splendide !!!

Cette charmante dame est chef du service politique de France 2.

Vive la liberté d'opinion... Attention, vous avez lu tout ce qui précède.

Vous êtes peut-être déjà suspect d'intelligence. Ne riez pas...

Vous en doutez ? C'est à la 40e seconde de la vidéo.

Allez sur le site officiel France Télévision, c'est là :

Je cite en copier/coller (je ne me permettrai pas d'écrire de telles choses)

Repérer ceux qui ne sont pas Charlie

Pour Nathalie Saint-Cricq il est important de repérer "ceux qui dans certains établissements scolaires ont refusé la minute de silence, ceux qui balancent sur les réseaux sociaux, et ceux qui ne voient pas en quoi ce combat est le leur". Il est important pour la journaliste d'intégrer ou réintégrer ces personnes dans la communauté nationale.

En ce qui me concerne je ne recherche pas les adresses IP de ceux qui se connectent. Vous avez peut-être un espoir d'échapper à la traque.

Si vous voyez un camion de télévision au coin de votre rue faites quand même attention. Bonne chance...

 

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